construction d'un abri en charpente

KLa seconde ferme a été dressée, (là encore pas de photos retrouvée dans les differents dossiers que j'ai recupérés), on est ici en train d'assembler la sablière qui relie les deux fermes .

Il faut la encore beaucoup de monde à la manœuvre,  même si ça se voit que pour dresser les fermes, les acteurs étant divisés en trois equipes:
- Les treuil listes inclinent un peu la seconde ferme pour ouvrir l'espace entre les montants et  permettre d'engager les sablières.
-Sur chaque échafaudage il y a deux costauds qui  soulèvent la poutre sablière  et qui présentent ses tenons en face des mortaises des  montants. La poutre fait quatre vingts kilos. Quand les tenons sont en face des trous,  l'un deux serre une  sangle à cliquet qui rapproche  les fermes, en coordination avec les treuillistes  . En contrebas à chaque bout d' échafaudage il y a un gus qui tient  à bout de bras  le  lien de charpente correspondant et veille à ce que ses tenons  s'emboitent  dans leur  mortaises  pendant le serrage.

Ca fait donc deux équipes de quatre  qui opèrent  de chaque coté de la ferme pour que  tout doit s'emboîte en même temps.

On a un peu cafouillé avant de maitriser cette manœuvre. Tout s'est emboîté assez facilement ( j'avais veillé à ce que mes assemblages ne soient pas  trop serrés) mais c'est  la coordination qui  a été difficile. Ça  s'est simplifié quand on a recouru aux   sangles à cliquets. Elles n'étaient   pas prévues au départ  mais se sont avérées d'action plus progressive et mieux contrôlable  que les grands  coups de maillet

Après la  mise en place des sablières il ne reste plus qu'à clouer des planches obliques provisoires pour solidariser le haut  des fermes, en attendant qu'elles soient contreventées ( =stabilisées pour resister aux forces  laterales) par la pose des  pannes de toit et de  leurs liens propres.


Il faut en même temps  cheviller immédiatement tous les trous qui se présentent . Presque tous sont à peu près alignés et le chevillage se fait   sans difficulté , mais dans deux ou trois cas les trous  ne sont pas en face, et y malgré serre-joints et sangles  pour tenter de les réaligner, ils  restent   plus impénétrables que les voies du Seigneur:   je pense que j'ai du me planter dans le marquage d'une des sablières et que ses extrémités ont été inversées. Il est impossible de tout changer, alors ...un coup de vilebrequin,  et on va voir qui c'est qui commande, non mais sans blague!

J'avais fabriqué  (je crois l'avoir dit) un plein cageot , plus de  150 chevilles en robinier , de 300x 19 mm ( par ma méthode de fendage,  tournage et équarrissage au ciseau sur le tour même). Ce bois confirme sa bonne réputation  pour les chevilles de charpente, il est dur mais souple et  quasi incassable, et je suis content de mon procédé de fabrication, plus rapide et précis que le classique rabotage sur un gabarit dit  "boite à cheville". Sur 150 fabriquées,  il ne m'en est resté une vingtaine et  je n'en ai pratiquement  pas eu de défectueuse ou  mal calibrée. Si tout avait marché comme ça, quel pied!

Ben... t'as pas fait ça en allumettes !!!
Même sans l'amarrer, un typhon ne le bougera pas.

Vincent, je suis très respectueux de ce projet et de sa réalisation.

Amicalement,
Renaud

je me régale les oeils un truc rondement mené !!! et c'est pas fini

Au fait, les gars... cette anthologique cathédrale toute en bois est dans le comptoir à blabla ???
J'hallucine !!!
Ne serait-elle pas mieux dans le forum "bois" ; "créations en bois" ?

Bon, c'est une suggestion.

++
Renaud

La journée s'avance, le travail un peu moins,  je suis le roi des temps morts , je n'arrive pas à penser à tout et à coordonner les efforts.  Heureusement je suis bien secondé...
On va voir maintenant le dressage de la troisième ferme,  qui a causé un soucis mineur qui a au moins eu un avantage: laisser le temps de prendre  des photos . Jusqu'ici j'admets que vous n' avez pas vu grand chose de nos efforts de levage.
Ici tout est prêt pour lever la dernière ferme. On a déplacé les échafaudages,  préparé les cordes et les treuils,  les planches de renfort des fermes , et les butées....

L'équipe s'est mise en place et commence à soulever la ferme à la main.



A ce stade normalement on s'empare des perches pour continuer à pousser , mais là on vient de s'apercevoir d'un "gag"  imprévu: l'arête inférieure du montant butte sur le bord superieur de la planche  de butée.  J'ai mal installé la butée, j'ai été piégé par la  de la pente du terrain, les plots de béton  sont  ici plus hauts que ceux  des  autres fermes , et de ce fait,  j'ai installé la planche trop bas, son bord est juste  au dessous  de l'arête  du montant de la  ferme qui se bloque dessus, sans pouvoir glisser pour  permettre au montant de passer en position verticale.  Il faut rectifier ça dare-dare avant que la ferme ne se perche en équilibre précaire et  risque de nous écrabouiller...

On doit donc arrêter la manœuvre,  on immobilise  la ferme dans la position atteinte avec les perches et les cordes .
 
On peut alors surélever et renforcer la planche de butée.
Noter que pendant que tout le monde tournait  le dos,  la photo a saisi le passage furtif d'un hobbit: pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des gnomes habillés en orange , plutôt bien intentionnés dans l'ensemble mais parfois un peu casse-pieds. C'est rare qu'on en voit dans le Berry mais ça ne peut pas être un gosse, on les a mis à l’écart.

Après la réparation des butées, on  reprend où l'on en était, et cette fois, en dix secondes c'est torché, comme si ça baignait  dans l'huile, on dirait que nous avons fait ça toute notre vie!

Les treuillistes ont accompagné le mouvement en moulinant comme des malades

On cale bien la ferme avec les perches.
 bon OK il y a les cordes mais on n'est jamais trop prudent: si un hobbit s'amuse avec le treuil, quelqu'un risque de recevoir 300 kg sur le coin de la g... Maman, bobo!
Maintenant on va transporter les sablières jusqu'aux échafaudages et les hisser dessus. Le petit chariot a deux roues de brouette est pratique et maniable pour transporter ces grosses pièces.

On assemble les sablières, présentation des tenons, sangle à cliquet , on sait maintenant faire ça les yeux fermés,  dommage qu'on doive s'arrêter là!

Voila à quoi ressemble la charpente à la fin de la journée:


il reste évidemment pas mal de choses à faire, clouer les planches obliques provisoires étayer un peu... on s'est mis un peu en retard chacun va rentrer chez soi après cette journée mémorable. Je vais rester sur place  et le lendemain  mettre un peu d'ordre
Voila la photo du lendemain, par un joli  soleil ( encore un grand un timide celui là il ne se montre pas quand il ya du monde!) .

Bonjour à tous, bonjour Vincent,

Bravo, beau travail d'équipe.
Y'a plus qu'a...

bonne continuation
joël

Bonjour,
J'ai suivi l'intégralité du reportage, très bon travail de charpentier, le levage pour des non initiés est correct et pas d'accidents c'est super. Je vous mets 10/10 à tous
Et maintenant bien sur on attend la suite
Encore bravo les gars et un peu plus pour le charpentier

A+

Vincent, t'es au top !!!
Y en a qui vont rougir à Guédelon
A+
Etienne

En vérité si c’était à refaire, quelques détails auraient pu être modifiés ou au moins discutés pour facilter les choses:

-
-Mieux utiliser  les perches . Le soulèvement initial de la ferme, de  0° à 45°,  est facile si l'on est  nombreux, mais on est rapidement rapidement  limité par la longueur de nos petits bras.  Il faut alors utiliser des perches. Mais la transition n'est pas instantanée. Il n'est pas facile de s' emparer d'une perche quand on a les deux bras levés! Je sais maintenant comment procéder: Une personne unique est chargée de passer les perches, et elle donne à chacun tour à tour la perche de longueur adaptée à sa position.  Chaque  acteur met sa perche en place à tour de rôle. Quand tout le monde est prêt: Ho hisse!  La ferme passe  sans difficulté en position verticale. J' avais préparé un bon nombre de perches , mais un peu trop de courtes  (3à 4 m) et pas assez de longues (6 à 7 m)  plus délicates à manipuler mais plus efficaces (Les perches longues portent plus haut sur la ferme ce qui diminue la force nécessaire, et accessoirement elles permettent de ne pas se trouver directement sous la charge...)

-Deuxième point à discuter, l'usage des treuils. J'avais pensé installer le treuil principal (treuil a chaine de 2 tonnes) en hauteur afin qu'il participe activement au levage des fermes des la phase initiale. J'avais installé un point d'ancrage en hauteur à 6-7 m de hauteur entre deux arbres , distants d'une quainzaine de metres. En fait je ne l'ai pas utilisé et je crois que j'ai bien fait: trop de complication pour un bénéfice minime.
Les treuils ont en fait occupé trois personnes en continu. Ils ont bien marché mais se sont avérés lents à manœuvrer et souvent en retard par rapport aux autres acteurs.  . Je pense que le treuil de retenue, (celui qui empêche la ferme parvenue en position verticale de tomber de l'autre coté)  est inutile.  Une simple corde tenue à la main ( par celui qui commande  la manœuvre) , est une précaution suffisante  et risque moins pas d'entraver  l’élévation de la ferme.
Si c'était à refaire j'utiliserais carrément deux treuils à chaine de de 2 tonnes (70 € pièce chez Leroy l'enchanteur) et quatre treuillistes en deux  équipes composées d'un costaud qui mouline la chaine à toute vitesse  et un dégourdi chargé de maintenir la bonne orientation du treuil et d'éviter l'entremêlement des chaines , et préparer le rembobinage quand le treuil arrive en bout de course ( la course de ces treuils est limitée à environ 2,50 m ce qui oblige à les repositionner). Maintenant il y a surement d'autres matériels, faute de les connaitre je m'en suis tenu aux plus simples, pas forcement aux plus efficaces. L’idéal aurait été un treuil électrique sur batterie doté d'une télécommande mais je n'en ai pas trouvé de capacité suffisante et qui entre dans mon budget.

Super boulot d'équipe et super reportage photo.
J'espère que nous verrons la suite des aménagements.
Vincent.

Merci à tous pour vos encouragements.

Bonjour ,

Sinon pour le levage, pourquoi ne pas utiliser une chèvre ??
A mon avis ça aurait facilité la tâche !! Mais tu ne nous en causes qu'après  !! Comment veux tu...  





(photo issue de ce site)


Tu noteras les deux treuils : l'un fixé sur l'"entrait" de la chèvre, l'autre au sol à distance. Un câble gère l'inclinaison de la chèvre (celui fixé en tête), l'autre gère la distance ferme-chèvre (via une poulie).. Ça te permet de tirer sur la ferme avec toujours le bon angle, et d’éviter de forcer comme une mule quand la ferme est couchée au sol car à ce moment là, la chèvre (bien inclinée) permet d'exercer une traction quasi verticale...

Avec ce système, tu dois pouvoir lever à deux ou trois personnes.

Je suis surpris que tes bons bouquins british n'aient pas évoqués cette technique des anciens... Au vu de ta réalisation c'était complètement dans tes cordes !!

amicalement,
fred

PS je fais le malin mais je n'ai jamais levé aussi gros manuellement...
Ta charpente est belle. Bravo.

Salut

Vincent, je me joins au concert de louanges. Je suis ce fil avec avidité depuis le début, en silence, contrairement à mon habitude, parce que devant une telle maestria, on ne peut que rester coi.

J'ai juste un petit commentaire à ajouter à ce que Fred a dit : si tu veux que ta chèvre soit puissante, nourris ta chevre au lait...

Après tu roules en Chevrolet…

Bonjour Vincent

Toutes mes félicitations, du grand art en tous points, chapeau !!

Cyril

Bonjour Vincent

+10 avec tout ce qui a été dit jusqu'a présent
je reste pentois devant tant de savoir faire et de dextérité sur un tel chantier
ni connaissant rien en abri en charpente et pas plus en charpente tout court
je suit comme beaucoup ce fil avec intérêt et j'apprends beaucoup

Merci merci, n'en jetez plus la cour est pleine!
J'essaie de conjuguer les lectures et la reflexion pour ne pas faire trop de bêtises amis j'en fais quand même pas mal .
Fred, effectivement la chèvre, même sans lait, est une solution simple et efficace applicable a beaucoup de problèmes de levage.
Je l'ai envisagé mais cela nécessitait de dégager le terrain (en amont de l'abri a construire, où j'entrepose du bois), de construire la dite chèvre , se documenter, trouver des plans , réfléchir , plein de trucs épuisants quoi! Alors me connaissant, lent de la synapse et de la myofibrille, ayant envie d'être au sec avant l'automne, je m'en suis passé ...

Bonsoir

Dommage, elle aurait pu te tondre le terrain après...

Comme tout le monde je suis..... tapis dans l'ombre et trouve dommage d'en faire un simple abri comme annoncé dans le titre.
J'aimerai que ma prochaine maison ait une aussi belle charpente.
Amicalement
Philippe

Bonsoir Vincent91 et à tous,

Belle histoire et un montage bien maîtrisé! Effectivement, peut être qu'avec une chèvre, tu te serais facilité la vie. Je n'y connais rien en charpente, alors... Félicitation et bravo à toute l'équipe.

Ty Coat

bonsoir ,

merci Vincent pour ce partage bien imagé !
j 'aime beaucoup l'aspect chantier collectif qui ressort de ton reportage,meme si ,bien sur, la presence du tailleur en role de chef est necessaire ...pour le bon déroulement des opérations .

on se demande bien ce qu il va abriter cet ouvrage ???

c'est toi qu ils vont rendre chèvre...
a bientot pour la suite

toma

Bonjour à tous ,
quelle superbe construction , avec de très beaux assemblages ,
belle maîtrise

Par contre , cette œuvre ne serait elle pas plus à l'honneur dans
"Créations bois " que dans blabla ?

J'ai deja parlé du programme maismes idées se sont precisées depuis. L'abri restera semi- ouvert, sans eau courante ni électricité , mais tout de même  une citerne, des toilettes sèches ,peut-être quelques panneaux solaires... Il y aura un plancher en terrasse dépassant  du coté de l'étang.  Deux cotés seront fermés  pour être a l'abri du vent. Je prévois aussi un appentis sur le coté arrière donnant sur le bois,pour  abriter  citerne, toilettes, bois de chauffage et "machines à bois "  (tour à perche, banc de chaisiers, établi léger, le tout  inspiré  de Mike Abbott  dont  je parle  plus loin.   
Il servira à  abriter  des réunions de famille, mais  aussi  des activités de camping, de pêche  à la ligne, menuiserie en  bois vert et autres loisirs écolo-déconnectés (enfin,  deconnectés, ce n'est plus tout à fait vrai:  le reseau 3G passe  depuis peu).  L'idée c'est de rendre l'endroit   un peu plus confortable, polyvalent et "tous temps", mais en restant loin des contraintes et du budget d'une residence secondaire.

Le  terrain fait d'environ un hectare ,  il a été acquis il y a près de cinquante ans par mon beau-père, aujourd'hui décédé . L'étang  venait d'être créé et il n'y avait presque pas d'arbres sur le terrain, hormis quelques beaux chênes. C'est mon beau-père qui a presque  tout planté de ses mains. La famille , soit maintenant un bonne vingtaine de personnes assez dispersée en France et ailleurs,  s'y réunit deux ou trois fois par an autour d'un programme de bûcheronnage, grand feu et barbecue. Je  suis touché de voir combien  la jeune génération, celle   de mes enfants et petits enfants,  y est attachée.
 Depuis cinq ans, j'ai été désigné volontaire pour gérer le lieu, et j'ai été flatté de ce choix,  même si je me doute  que sa vraie raison c'est  qu'il n'y avait pas d'autre plouc dans la famille.   Mon programme  est  rendre le site un peu plus confortable,  polyvalent et accessible en toute saisons, mais sans en faire , même à long terme une résidence secondaire qui suppose des contraintes et un budget tout autres.

C'est un programme qui suit donc une tradition familiale, mais aussi  le concept  scandinave de la "hutte" de loisir adapté au camping de WE, et aussi  les abris   sous lesquels  Mike Abbott abrite ses stages forestiers à la belle saison.   Mike Abbott  est  un Anglais de mon âge ,  pionnier  du renouveau du travail du  bois vert , du tournage sur tour à perche,  de la chaiserie. C'est un écologiste comme je les aime,  usager économe de la  nature, avisé, pragmatique, novateur. Il  a écrit plusieurs livres : Green Woodwork, Living Wood, Going with The Grain, que je vous  conseille tous.
(Si  vous  "googlez" Mike Abbott , précisez  un mot comme woodworking, ou  herefordshire, le nom est assez courant , et sans ces précisions , vous  tombez  sur un crétin body-buildé qui tourne dans des navets d'une bêtise insurpassable ( et je m'y connais: je regarde  TF1).

vincent91 a écrit:... ayant envie d'être au sec avant l'automne,  je m'en suis passé ...

et de fort belle façon !!!

Amicalement,
Fred

Quel dommage de perdre toutes les photos de ces anciens messages... Plus aucune n'est accessible.

Bonsoir,

Pour ma part toute les photos sont affichées chez moi.


Max