[Lutherie] Fabrication d'un clavecin.

diomedea a écrit:Bon je n'ai plus qu'à faire pareil avec les autres... J'ai donc ressorti l'étuve.

Tu n'as pas peur qu'une fois stabilisé les bois ne se rétractent et que les coupes d’onglets n'affleurent plus ?
Je sais bien que le retrait longitudinal est le plus faible de tous les retraits mais tu as prévu un temps de stabilisation pour voir ce qu'il se passera une fois sec avant peinture ?

Emi

Moi j'arrive pas à suivre (ça va trop vite) mais j'admire ! Et même pas du fond de la classe : je regarde juste par la fenêtre !

Pour la baguette étuvée qui a gonflé : elle ne va pas dégonfler en perdant son humidité ?

Et pour l'entraîneur, c'est logique que ça fasse comme pour la toupie : une avancée continue donne une finition qui n'a rien à voir avec une avancée manuelle, souvent par à-coups ! Mais la lame doit être pour beaucoup dans le résultat final ! Vu le prix, c'est rassurant !

Bonjour à tous,

FMJ a écrit:Pour la baguette étuvée qui a gonflé : elle ne va pas dégonfler en perdant son humidité ?

Emi81 a écrit:Tu n'as pas peur qu'une fois stabilisé les bois ne se rétractent et que les coupes d’onglets n'affleurent plus ?

C'est évident que ça va bouger, je laisse tout ça se stabiliser et je comblerai les jours au mastic... Comme c'est peint, ça n'a pas grande importance.

On continu avec la menuiserie!
Les couvercles sont articulés par des charnières. Se sont des modèles de qualités en laiton étiré, issu de mon stock de récup'.
Après une nuit dans l'acétone pour décoller les restes de vernis, je les ai mises à tremper dans un peu d'acide phosphorique pour les désoxyder.


Rinçage à l'eau claire.


Après un ponçage et un brossage à la brosse métallique laiton, elles ont été protégées par du vernis en bombe.

Par curiosité, j'ai été voir combien il m'en aurais couté si j'avais dû les acheter... Mine de rien, il y en a pour une cinquantaine d'€ l’ensemble!

Ma méthode pour creuser les emplacements des charnières. Le tasseau sert à guider la planche du ciseau.


L'épicéa est un bois tendre, pour avoir un bon résulta, le ciseau doit être parfaitement affuté. Si ce n'était pas le cas, il écraserait le bois au lieu de le couper.





Pour avoir des vis bien centrées dans les trous, j'utilise ce foret spécial.





Ici sur le flanc du grand couvercle. Notez le peu de bois restant entre la charnière et le dessus du panneau.


Les vis seront remplacées par la suite!


Même méthode adaptée pour creuser l'échine.














A suivre...

Eh bien ça prend forme!

Pour la technique de mortaisage: perso je ne mets pas de martyre côté débouchant (je finis à la guimbarde, pas la peine de guider le ciseau pour qu'il soit bien plan) mais côté non débouchant, pour éviter de fendre la faible épaisseur restante. Surtout si comme toi on finit avec le ciseau à plat: un coup de trop et hop, on traverse!
Évidemment, avec des ciseaux bien affûtés comme tu le dis et avec ta patience et minutie, c'est une précaution inutile...

Bonjour Jean-Paul,
Ben tes charnières à 50€ les 6 ne sont pas très chères.... On les trouvent aussi en bien plus chères (Brusso par exemple), ce sont devenues des denrées rares à cette qualité !

Petite question, pour l'acide phosphorique tu laisses combien de temps le laiton dedans (un ordre de grandeur) ?
Pourquoi brosser les charnières après le passage dans l'acide ?
Le fait de vernir les charnières empêche la patine de se faire, de leur donner ce côté un peu ancien, ce n'est pas dommage ?

Pour les vis laiton (une fente, à l'ancienne) qui devraient les assortir, cela devient de plus en plus difficiles d'en trouver, j'en cherche depuis pas mal de temps, en vain, j'avais trouvé une petite boutique qui en avait, ben il n'arrive plus à en approvisionner.

Il va vraiment être top ce beau clavecin, bonne continuation !

Merci pour le lien, mais je ne vois pas de vis bois sur leur catalogue... enfin au premier survol...

grosb a écrit:Bonjour Jean-Paul,


Pour les vis laiton (une fente, à l'ancienne) qui devraient les assortir, cela devient de plus en plus difficiles d'en trouver, j'en cherche depuis pas mal de temps, en vain, j'avais trouvé une petite boutique qui en avait, ben il n'arrive plus à en approvisionner.

Bonjour Grosb et à tous,

+1 avec toi. Il est difficile de trouver des vis laiton de qualité ( et non laitonnées) . On peut encore en trouver ici

Ty Coat

Bonjour à tous,
belle récup les charnières , il y a quelques années , c'était monnaie courante même en GSB,
maintenant , c'est tout du "laitonné" , ou a prix d'Or si on en trouve

Pour la laitonnerie il y a la maison Tartaix à Paris. La visserie n'est malheureusement pas dispo en ligne, mais en boutique on peut acheter à l'unité. https://www.tartaix.com/

Merci Guilhem...
Une vieille maison comme on les aime....
Dommage en effet que leur site ne date que de 2018... cela doit représenter un taf énorme d'y mettre tous leurs produits.
Bref, je vais les appeler à l'occasion quand je retrouve ma liste des souhaits...
Hop, dans le marque page idoine...

Bonjour à tous,

Guilhem a écrit:Pour la technique de mortaisage: perso je ne mets pas de martyre côté débouchant (je finis à la guimbarde, pas la peine de guider le ciseau pour qu'il soit bien plan) mais côté non débouchant, pour éviter de fendre la faible épaisseur restante. Surtout si comme toi on finit avec le ciseau à plat: un coup de trop et hop, on traverse!
Évidemment, avec des ciseaux bien affûtés comme tu le dis et avec ta patience et minutie, c'est une précaution inutile...

Je n'ai pas de guimbarde!
Je n’arrive à se résulta que depuis que j'affutes mes ciseaux "rasoir", ça permet de parfaitement maitriser l'outil...

grosb a écrit:
Ben tes charnières à 50€ les 6 ne sont pas très chères.... On les trouvent aussi en bien plus chères (Brusso par exemple), ce sont devenues des denrées rares à cette qualité !
Petite question, pour l'acide phosphorique tu laisses combien de temps le laiton dedans (un ordre de grandeur) ?
Pourquoi brosser les charnières après le passage dans l'acide ?

Se sont des tarifs trouvés sur le site Foussier, mais j'ignore si la qualité est identique...
Je les ai poncées puis brossées pour enlever les bavures présentes autour des fraisages des têtes de vis, et pour uniformiser la teinte, les parties les plus oxydées montraient une teinte rosée.
Je les ai laissées une heure dans l'acide.

Figurez vous que j'ai trouvé des vis laiton tête goute de suif fendue dans la GSB près de chez moi! Dès la fin du confinement je referai mon stock!

Salut

pour mes charnières laiton, je me fournis à la laitonnerie

diomedea a écrit:Je n'ai pas de guimbarde!

On va se cotiser !
C'est pas possible que tu restes aussi mal équipé !
On te prendra aussi un SAF !

++1  
On va ouvrir une cagnotte.

Merci Jean-Paul et Alain pour les info et tuyaux, je note !

Tiens tu n'as pas peur que le couvercle travaille et perde sa planéité ? Il n'y a pas d'alèse pour stabiliser le panneau si je ne me trompe ?

boulot remarquable en tout cas et merci du reportage de grande classe !

Bonjour,
Je me posais la même question, mais au vu des compétences impressionnantes de l'artiste je pense qu'il a traité le sujet en amont. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Diomedea a puisé dans son stock pour avoir une panneau bien vieux et donc stabilisé ?
Le résultat est vraiment beau ! La seule chose qui me titille, c'est de mélanger plusieurs essences sur des pièces analogues. Et clairement, je préfère le cyprès à l'épicéa
Très impressionné par ce travail et cette vitesse d'exécution, bravo !!!

buzz a écrit: ...un panneau bien vieux et donc stabilisé...

Ah bon, ça existe ?

J'en doute!
Bonjour à tous,
L'idéal serait du contreplaqué, j’avoue y avoir songé mais j'ai pas osé!
Les photos des clavecins d'époques montre certains couvercles très déformés, et d'autant plus, j'ai l'impression, qu'on cherche à les en empêcher! On voit très bien les déformations des différents éléments, la plus stable étant celle que j'ai choisi, ou les deux parties peuvent bouger sans contraintes.

Sinon, Je planche sur les registres depuis deux jours, et après plusieurs ratés, je pense avoir trouvé la solution pour les réaliser!

Ave
Sinon pour rester dans les montages dits anciens il y avait le latté.
Quand les menuisiers sont devenus ébénistes et pour économiser l'ébéne ils ont inventé un genre de CP le latté.
Les lattes collées rabotées formaient un plateau lui même plaqué d'ébéne et sur les deux faces.Les plaquages étaient assez épais.
Pour avoir avoir démonté certaines vieilleries trop détruites ou restauré quelques bricoles j'ai été étonné par la qualité relative des bois utilsés pour faire l'âme, ils devaient faire filer des morceaux tout venant. Bien souvent je me suis aperçu que c'est précisément un morceau avec un défaut qui vait provoqué la déformation du meuble et éclaté le placage. Parait il mais c'est peut être une légende d'atelier l'âme était faite de tulipier.
Donc pour moi un latté serait à la fois pratique et dans l'esprit.

Comme quoi, on n'a pas inventé grand chose : les anciens y avaient déjà pourvu !

Ce qui me fait penser à ce petit aparté dont je m'excuse par avance : récemment j'ai découvert l'existence et surtout l'histoire du mécanisme d'Anticythère. Ca permet de relativiser très singulièrement nos certitudes sur le passé ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_d%27Anticyth%C3%A8re
https://www.science-et-vie.com/archives/anticythere-les-lecons-d-une-machine-a-remonter-le-temps-30792

bonjour à tous,

Jean-Paul, j'interviens rarement sur tes fils, je n'ai rien à t'apporter mais je les suis toujours avec assiduité, et je suis impressionné, comme mes petits camarades, par la qualité de tes réalisations et l’éclectisme des tes compétences !

limite ça énerve...

André, le tulipier ( Liriodendron tulipifera ) est un bois de couleur verte, assez facile à reconnaitre.
je ne sais pas si il était utilisé pour le latté, mais si certain ont l'occasion d'en récupérer, ne la ratez pas !

amicalement,

Vincent

J'adore l'idée du latté ! Et c'est vrai que l'on en trouve dans certains meubles anciens... Ou alors faire un multi-pli maison avec des couches plus épaisses que le contre-plaqué. Avec la calibreuse, ce sera un jeu d'enfant, il faut juste confectionner un système de presse et un peu de patience

Vincent 38 a écrit:bonjour à tous,
André, le tulipier ( Liriodendron tulipifera ) est un bois de couleur verte, assez facile à reconnaitre.
je ne sais pas si il était utilisé pour le latté, mais si certain ont l'occasion d'en récupérer, ne la ratez pas !
amicalement,
Vincent

Ave
ben alors non, ce que j'ai eu entre les mains, ce n'était pas vert, plutôt hétéroclite d'ailleurs.
Ce qui ne laisse à penser que c'est une légende d'atelier et me conforte dans l'idée qu'ils utilisaient le disponible. Il faut dire aussi que ce n'était pas des meubles de maitre et je ne me serais permis d'intervenir sur des pièces de maitres.

Hello,
Pareillement, je viens de désosser un plateau.
J'ai l'impression qu'il y avait pas mal de tilleul.
Peut-être aussi de l'aulne... ?
En tous cas, un grain fin.
Ils devaient effectivement prendre ce qu'ils avaient sous la main.
++
Renaud

Salut à tous....ceux là doivent être des ancêtres du Lapinou ,pour avoir mis du " skya " en bois à l intérieur

Bonjour à tous,
Merci pour vos suggestions! Mais pour l'heure je vais laisser comme ça, je pourrais toujours le remplacer très facilement par la suite...
Les registres!
J'ai retardé au maximum leurs fabrications car je n'arrivais pas à comprendre comment ils fonctionnaient! Et le hasard a fait que j'ai eu une conversation au bon moment avec un claveciniste qui restaure des instruments et qui m'a tout expliquer! En fait c'est tout simple!
J'imaginais un système ou il fallait déplacer l’ensemble des sautereaux, mais je ne voyait pas comment... Et pour cause!
Les sautereaux restes à leurs places, on les bascules simplement sur le coté!


On peut ainsi sélectionner le jeu de 4', 8' ou les deux.
Il existe plusieurs systèmes pour les déplacer, tirette, levier, cale...
Ayant compris ceci, restait à les fabriquer!
Après deux premières tentatives ratées, la troisième à été la bonne...

La forme des registre étant identique aux queues d'arondes, j'ai repris la même technique pour les fabriquer.
D'abord une ébauche en plusieurs passes avec une fraise lambda chinoise.


Puis finition avec une fraise de qualité (CMT) à hélice inversée en une seule passe ou j’enlève les 5/10 que j'avais laissé à l'ébauche.


J'ai utilisé du moabi, bois très dur à grain fin.





Les registres sont enfin créés en collant une baguette sur le coté pour les fermer.
Ici ceux du bas, comme ils sont fixes, tout est collé.


Les registres du haut, mobiles, sont posés sur deux pièces de bois à chaque extrémité. Ils seront ajustés en longueur par la suite...


J'ai également modifié la barre de nom, elles s'encastre désormais dans les blocs de positionnement du clavier.


c'est plus propre comme ça!


A suivre...