Placard à clefs en noyer et frêne

Bonjour à tout le monde,

Pour commencer 2021 je vous présente un projet qui traine depuis trois ou quatre ans, on va appeler ça une résolution de début d’année !

Le projet : un petit placard pour ranger les clefs.
L’inspiration vient d’un petit placard réalisé par David Barron, ébéniste du sud de l’Angleterre.



Mais avant ça l’inspiration m’est venue d’une petite chute de frêne d’environ 45x11x1.8 cm, avec des cernes formant un dessin sympa.



Une fois refendue et disposé symétriquement.



Forcément au rabotage machine ça arrache un peu.



Mais avec ma demi varlope Veritas, un fer affuté à 38˚, la lumière très étroite et des copeaux très fins c’est du bonheur.





Et j’obtiens ça.



Que je mets sous presse pour éviter les déformations en attendant de trouver du bois pour la carcasse.



Un certain temps plus tard, pour la carcasse, je me fais un petit plaisir et je m’achète une planche de noyer noir (américain). Vous pouvez voir que c’était avant que je remplace ma RD, j’avais encore la Scheppach, alors ça remonte un peu.



Petite parenthèse. Ayant dessiné un plan, avec des queues d’arondes serrées (les morceaux entre les queues sont étroits) il a fallu que je me fabrique un ciseau étroit, (5mm) et de forme triangulaire pour pouvoir dégager le rebut entre les queues.
Meulage d’un vieux ciseau au touret pour obtenir cette forme.







Apres un meulage assez intense l’acier a perdu sa trempe.
Je le chauffe donc au rouge cerise (la boite de conserve faisant office de four !) avant de le tremper dans de l’huile de vidange.



Après la trempe l’acier est très dur mais fragile (cassant) et recouvert d’un enduit noir. Pour rendre l’acier plus ductile (moins cassant) mais en gardant une dureté suffisante (pour qu’il tienne l’affutage) il faut le ‘recuire’ à une température indiquée par la couleur jaune pâle des oxydes qui se forment à la surface du métal. Pour voir la couleur il faut d’abord enlever la couche noire à l’aide de papier abrasif, pour revenir au métal brillant.



Ensuite je chauffe tout doucement au chalumeau et dès que la couleur jaune apparait je trempe dans l’huile. Je chauffe d’habitude au jaune pale plutôt que jusqu’au jaune paille qui est souvent recommandé, l’acier reste un peu plus dur et j’ai toujours eu de bons résultats.
La couleur en question :



Résultat : Le ciseau s’affute bien



Fast forward quelques années, je ressors le morceau de noyer et je le scie.





Je  colle le panneau de porte.



Je colle un morceau à l’arrière de la pièce du dessus que j’ai dû raboter un peu plus étroite que prévue.



Et comme il me manque une pièce de noyer, je plaque un morceau d’eucalyptus avec du noyer.






Avant de tout corroyer et d’empiler avec un peu de poids dessus pour que le bois s’aclimate (pendant ma rotation au boulot).




A bientôt pour la suite, encore des queues d’aronde (qui sont en cours).

Cordialement.

Je suis avec grand intérêt, cela promet d'être un beau placard à clefs...
Je vois que ton frêne défend sa réputation pour les arrachements, merci de nous avoir donné la solution,
il n'y a pas à dire, les rabots ont encore de beaux jours devant eux!
Je suis fan des réalisations de David Barron, même si pour moi elle sont inaccessibles.
Impatient de voir la suite.

hello,

je vais suivre il a un chouette look ce petit placard.

Idem
Jean-Paul

Belle réalisation en perspective, j'ai hâte de voir la suite.

Je n'ai pas compris le coup de la boite de conserve, tu chauffe la boite avec le ciseau dedans ? le transfert de chaleur suffit à faire monter le métal au rouge cerise ?

Julien

Salut les confrères, bonne année à vous en espérant que vous gardez le moral par les temps qui courent.

Oui, les réalisations de David Barron sont sympas. Là du coup c’est tout simple comme placard, c’est juste le bois employé qui en jette.


Quand je suis rentré du boulot, au bout de 15 jours, une seule pièce avait joué, un des côtés. Il a légèrement bombé et tuilé. Pour perdre un minimum d’épaisseur je préfère travailler à la demi varlope plutôt qu’à la dégau. Pas facile de raboter une pièce bombée, le problème étant que lorsqu’on met de la pression sur le rabot la pièce s’aplatit contre l’établi et on ne peut pas raboter la bosse. L'astuce, en mettant un ou deux copeaux dessous (comme sur la photo) ça empêche la pièce de se déformer. Après rectification du tuilage, contrôle avec deux règles, puis les deux côtés sont remis à la même épaisseur à la raboteuse.





Ensuite, traçage des queues d’aronde.





Puis sciage.







Avant de faire sauter le rebut restant au ciseau. C’est pour aller nettoyer dans les coins que mon ciseau modifié facilite grandement la vie.



Les côtés finis :



Puis je trace le dessus et le dessous.



Avant de scier puis dégager le rebut au ciseau.







La bonne nouvelle c’est que ça s’assemble….



…la mauvaise c’est que ça pourrait être mieux par endroits…



J’ai dû me planter au traçage ??? Toujours est-il qu’il va falloir flipoter un peu !

Pour couronner le tout, au démontage il se passe ça :



A cause d’un petit nœud ce n’est plus du bois de fil mais de travers… bon c’est pour ça qu’on a inventé la colle.




La suite sous peu,
Cordialement.

Salut Julien,

En fait je chauffe le ciseau dans la boite de conserve. Ça permet juste d'éviter que la chaleur ne se dissipe trop vite et ça chauffe de manière un peu plus homogène. C’est sûr que des briques réfractaires iraient mieux qu’une boite de conserve !

Bonjour, un petit message juste pour dire que je vais suivre ce fil avec plaisir, et attention !
amicalement,
Fred

Très beaux débuts, je m'inscris aussi!

JoV a écrit:Salut Julien,

En fait je chauffe le ciseau dans la boite de conserve. Ça permet juste d'éviter que la chaleur ne se dissipe trop vite et ça chauffe de manière un peu plus homogène. C’est sûr que des briques réfractaires iraient mieux qu’une boite de conserve !

En effet ça semble logique dit comme ça.
C’est une bonne idée a retenir

Julien

Tes reportages sont toujours un plaisir pour les yeux
Là par exemple, rien qu'à voir les parties femelles des QA non débouchantes.....

Salut

Bonne année JoV. Prends soin de toi et de ta petite famille, hein !

Je prends un ticket aussi.

Joli travail...ça promet pour la suite !
Jean-Paul

Salut JoV,
Meilleurs voeux pour cette nouvelle année !
Merci pour ce partage, c'est toujours un grand plaisir de suivre tes réalisations.
Amicalement,
Jérôme

Bonjour JOV
et Bonne Année (qui commence bien avec ta production)
++
Renaud

Jour le monde !

Ouha ... que c'est beau (bon comme d'hab venant de là ...)

Merci pour ce partage, plein de beaux bois, de beaux outils, de belles photos !

Je m'assieds et je profite.

Pascal

Bonjour,

Un petit compte rendu des dernières avancées.

Apres avoir réalisé les QA sur les quatre pièces de la carcasse j’usine la feuillure qui recevra le fond. Le fond, en western red cedar, fait 16mm d’épaisseur (pour pouvoir visser des crochets ou pendre les clefs). La feuillure fait 17mm de profondeur.
Vous remarquerez au passage pourquoi la dernière QA n’est qu’une ‘demi queue’.




Les feuillures font la même largeur que la hauteur des QA et pour arriver à niveau je fignole au guillaume plutôt que d’essayer de régler exactement la hauteur de fraise sur la défonseuse.



Je réalise une feuillure sur la pièce que j’ai plaquée avec du noyer précédemment. Elle sera solidaire de la carcasse et sera percée pour recevoir les vis de fixation au mur. Elle aura aussi une rainure pour emboiter le fond.





La rainure en question donc, au Stanley 45.



Une pièce de western red cedar reçoit une languette correspondante, au Stanley 45 là aussi.



Résultat :



Revenons à la carcasse, je repère l’épaisseur des portes sur les pièces du haut et du bas.



Pour tracer le profil de la moulure (qui s’appelle un boudin ? en français).



Le profil est réalisé au rabot, suivi d’un racloir courbe et d’un coup de papier abrasif.





Le poli du noyer, au grain 240, est un peu triste et mat à côté des surfaces rabotées. En frottant un bon coup avec une poignée de copeaux le bois prend un super poli (ça ne rend pas grand-chose sur la photo mais le bois brille).



Une grosse gerce présente sur la pièce du dessus est comblée de mélange colle/sciure.



Un petit flipot est collé en place.



Aujourd’hui j’ai retracé la queue, il ne manquait pas grand-chose mais ça jurait !





Une fois le flipot retaillé je passe un dernier coup de racloir / rabot sur les surfaces et je colle.



Ensuite je prépare les assemblages à plat joint des planches du fond.





Je repère aussi le sens du fil sur chaque planche par une petite flèche et j’oriente le fil dans le même sens sur toutes les planches. Ça facilite beaucoup le rabotage post collage de ne pas avoir de planches à contre fil dans le panneau.



Et finalement collage du panneau arrière.



Je vais d’ailleurs aller enlever les serres joints de la carcasse.

A bientôt pour la suite.

Bonjour JoV.

Je suis très admiratif de ton travail.

Mais j'ai une question. Comment fais-tu pour ne pas avoir de poussière dans ton atelier ?
On aperçoit des copeaux lorsque tu nous expliques le maniement de tes outils à main, même là les copeaux ont l'air d'avoir été nettoyés.
Mais les photos de ton atelier montrent celui-ci aussi "NICKEL" qu'un laboratoire !!

Amicalement
Dominique

++1,
il doit avoir un assistant comme Nicolas de CdC...
Je suis toujours avec grand plaisir tes réalisations essentiellement faites tout manuel...
C'est reposant de ne pas entendre les machines, de bricoler sans casque et sans masque.

Salut Dominique et Bernard,

Pour ce qui est de la poussière certains bois en font moins que d’autres. Ici en l’occurrence le noyer et le western red cedar n’en font pas trop quand ils sont travaillés aux outils manuels (bien moins de poussière que le jarrah par exemple).
Ceci dit, quand j’ai fait les feuillures à la défonceuse sous table, ça m’a balancé des copeaux et de la poussière partout. La première chose que j’ai faite après les feuillures a été de passer le balai et un coup d’aspi. Ça prend cinq minutes (probablement moins en fait) et on a le plaisir de travailler dans un laboratoire, pardon un atelier, propre.

Entre deux coups de balai, voilà ce que j’ai fait aujourd’hui.

J’ai commencé par nettoyer les QA au rabot pour tout remettre au niveau (je fais toujours mes pièces entre les QA, ici les parties femelles, un demi mm trop longues pour le mettre à niveau après collage),



Ensuite je scie et j’ajuste la pièce de bois pour l‘arrière à la planche à recaler.



Comme cette pièce fait 20mm d’épaisseur je dois enlever 3mm sur chaque côté pour qu’elle rentre dans la feuillure.





Etape suivante: perçage.





J’ai aussi mis ma petite signature et la date. Avant collage et vissage.



Rabotage du fond recto, le bois en brille, et verso à la demi varlope qui envoie du steak, pour rattraper les désafleurs.





Le fond, en place, après sciage à la largeur voulue et perçage (il sera vissé à la carcasse).





L’atelier ressemble à ça, donc prochaine étape, rangement des outils (deux minutes   ) et balai (deux minutes de plus     ) !





A bientôt pour la suite (là je vais dépoussiérer mes copeaux pour qu’ils rendent bien sur les photos !     ).

Un vrai plaisir de voir la technique que tu utilises...
J'en apprends encore pour ce petit "meuble" qui semble pourtant si simple à réaliser.
Si j'ai bien compris, tu surcotes tes QA (donc la profondeur des "mortaises") afin qu'à l'assemblage elles dépassent légèrement pour pouvoir ensuite les raboter "à fleur"? (Je suis pas très clair, mais tu devrais comprendre).

superbe boulot

JoV,
C’est superbe!
La précision, la technique, la patience...toutes ces qualités qui me manquent!
Je me régale et j’apprends!
Jean-Paul

Merci pour les commentaires sympas,

grosb a écrit:
Si j'ai bien compris, tu surcotes tes QA (donc la profondeur des "mortaises") afin qu'à l'assemblage elles dépassent légèrement pour pouvoir ensuite les raboter "à fleur"? (Je suis pas très clair, mais tu devrais comprendre).

C’est tout à fait ça Bernard. Je surcote de 0.5mm quelle que soit la taille des QA. Pour des QA traversantes je surcote le deux pièces.

A plus

Bravo pour ce travail de précision qui à dû être bien agréable à passer le temps en cette période trouble.