Ma réalisation la plus complexe

Au-delà de l'exagération de ce titre, je dois bien avouer m'être pris la tête comme jamais avec cette réparation !
Elle porte sur un saladier en bois exotique (bambou ?) fait en tournage segmenté, très certainement de façon industrielle.
En chutant, l'un des pédales s'est cassé, et un autre a été abimé. Ce saladier a pu, grâce à mon côté écolo, se soustraire à son funeste destin en se voyant sauver in extremis de la poubelle familiale.

De prime abord, cette réparation ne payait pas de mine, je pensais plier l'affaire rapidement, mais ... j'ai vite déchanté : 3 angles différents dans 3 plans différents, ainsi que de 2 cintres différents dans 2 axes différents. Un beau casse-tête. Initialement je me suis dit que 2-3 gabarits à la def feraient rapidement l'affaire, mais après cogitation je me suis vite rendu compte qu'il faudrait des gabarits pour faire les gabarits, et que l'affaire ne serait jamais rentable pour un seul "pétale".
Du coup, le saladier est resté dans un coin de l'atelier, à prendre la poussière, comme beaucoup de projets en dormance...

Mais allez savoir pourquoi, depuis mi-novembre, je suis dans un phase très active de désencombrement de l'atelier, et le cas de ce saladier est fatalement revenu sur l'établi. Alors en résumé imagé, j'ai suivi le cheminement suivant.

> Egalisation à la SAF du bord d'un des pétales abimés. Collage d'une greffe grossière (et, je ne sais pas pourquoi, avec une couleur pas du tout raccord ???) pour affinage à la scie à main et au ciseau. Facile ...




> Ensuite j'ai fait 10 000 prototypes afin de déterminer les bonnes dimensions en fonction des angles et de courbures. J'ai vite laissé tomber l'option d'usiner, même manuellement, à la forme finale avant collage. mais il a qand même fallu se concentrer sur : l'angle latéral, l'angle vertical, la bonne largeur (variable de bas en haut ...) et l'adaptation sur la base (avec un angle et un cintre). J'ai procédé de façon itérative, très progressivement car la correction d'un aspect modifiait les autres, avec papier de verre posé sur la table (pour les chants plats), râpes, limes et enfin papier de verre sur cale courbe. Après pas mal de boulot, j'ai obtenu un résultat pas trop mal.




> Le collage a été une vraie galère. Et la première tentative un naufrage ! J'ai trop serré et ainsi décollé l'un des pédales adjacents. Bref, j'ai rangé les serre-joints et autres garrots à la chambre à air : pour la seconde tentative, j'ai uniquement utilisé du ruban de masquage pour une première tenue, recouvert ensuite par du scotch électrique pour la compression. Et ce coup-ci, cela s'est bien passé.






> Opération suivante : l'usinage des faces. Côté extérieur, comme prévu ce fut très facile. Rabot puis ponceuse. Par contre, côté face intérieur, avec sa courbure concave, ce fut une autre paire manche. En plus avec un contre fil infernal. J'ai dégrossi à la gouge, puis ai tout usiné avec de bonnes sessions de racloir. Heureusement j'en ai un multi-courbes : je ne sais pas comment j'aurais fait autrement. A la cale à poncer, j'aurais mis des siècles. Et finition avec cette dernière. Avant un coup d'huile de thung qui a harmonisé le coloris miel.







> Au final, le résultat est pas mal, surtout pour un saladier ... Mais vu la débauche d'heures pour cette réparation quelconque, je crois que nous aurons le privilège d'avoir le saladier le plus cher au monde sur notre table ....  

Bien joué,
Tu as utilisé quelle essence pour le flipot ?
Douglas ? Frêne ?
++
Renaud

Salut

Et bravo ! Tu es le roi de l'essalade... Et du pédalier...

@Renaud : douglas, pour moi

Pour les essences, en fait j'ai un peu déconné. Pour le petit filipot, j'ai aucune idée de la raison pour laquelle j'ai utilisé un bout de sipo : on peut difficilement faire plus moche ! Quand au pétale, c'est du pin rouge du nord. Initialement je voulais effectivement utiliser du frêne mais j'ai sagouiné la pièce sur un essai. Du coup je me suis rabattu sur un bout de pin pour "voir", et coup de malchance, j'ai réussi à bien l'usiner. Du coup comme il s'ajustait bien, j'ai eu la flemme de recommencer avec du frêne.
C'est moche mais ça survivra à la vinaigrette !!!

Ecoutes, je trouve que ta réparation est très bien faite.
Quelle que soit l'essence de bois utilisée, l'important est que ton saladier soit de nouveau opérationnel.
Bravo !
Roland.

Bravo pour ta patience et ton obstination au service d'une noble cause