Meuble de salle de bains en padouk et robinier

Bonjour à tous,
Je devais faire un petit meuble de salle de bains pour servir de support à une vasque. Il me restait un peu de padouk (reste d’autres meubles de sdb faits il y a plusieurs  années) et de robinier (pseudo acacia), reste de divers meubles extérieurs.  Les deux essences étant particulièrement résistantes à l’eau, j’ai décidé de les utiliser pour ce petit meuble. Par ailleurs, le contraste entre le jaune du robinier et l’orange violacé du padouk permettait des mélanges intéressants.
Voilà le meuble terminé (vue de coté : dans l’atelier, vue de face: installé).





Pour une fois, j’ai fait pas mal de photos au cours de la fabrication. Si cela vous intéresse, je peux faire une présentation des différentes étapes de la réalisation.
Patrick

Salut Patrick et tous.
Très beau meuble et beaucoup de travail, je suppose.
Je ne peux pas parler pour les autres, mais les photos des différentes étapes, moi cela m'intéresse.

@+

La réalisation a l'air super soignée. Tu obtiens comment le padouk, plot ou lame de terrasse ? Preneur aussi de quelques photos du pendant

salut
bien sur que tu peux mettre les photos de  la fabrication de ce beau petit meuble , qui paraît pas mais il a du t'occuper une paire d'heure .
t'as mis quoi comme finition ? du verni ?

J'aime bien les choses épurées, mais ta réalisation est surprenante. J'adhère. Et suis aussi preneur d'un roman photo de la fabrication.

+1 pour le roman photos
Renaud

Nb. en voici un autre qui poste en fin de réalisation (°I=)

J'avais acheté des plateaux de padouk il y a une vingtaine d'années chez Dumoulin bois à Chamipigny (j'habitais dans le val de marne à l'époque, d'où mon pseudo....), c'était des plateaux énormes (désolé, je n'ai pas de photo). Malheureusement, j'ai fini mon stock et  Dumoulin avait arrêté  sa commercialisation il y a quelques années. On devrait pouvoir en trouver chez les Fils de George à Bagnolet.
Le robinier vient aussi de chez Dumoulin et je pense qu'ils en ont toujours. Par contre, là c'est des tout petits plateaux: 2m x 0.2-0.3 maxi.



Pour la finition, j'ai mis trois couches de vernis vitrificateur SP satiné des Frères Nordin passées au pinceau après dilution avec 5-10% d'alcool à vernir.

Je ferai une présentation de la construction.
Bonne journée,
Patrick

Par contre, là c'est des tout petits plateaux: 2m x 0.2-0.3 maxi

Apparemment, on ne trouve pas de gros robiniers. Je n'ai jamais trouvé de plus grandes largeurs que les tiennes. Quelquefois un peu plus longs, jamais plus de 2,50/3m.

Début de la réalisation.
Quelques mots sur les bois d'abord: les deux bois utilisés sont plutôt durs (nettement plus que le chêne), avec des contrefils fréquents dans les deux cas. Le robinier en particulier a une nette tendance à faire de gros éclats lors du rabotage (j’en montrerai un exemple). Pour les finitions, il vaut mieux utiliser le racloir que le rabot (et donc bien soigner les ajustages). Autre caractéristique à prendre en considération, la sciure du padouk s'incruste facilement dans les pores assez gros du robinier et tache le bois, attention lors des finitions. Le padouk est aussi assez facilement décoloré par certains solvant comme l'acétone. La décoloration est à peine perceptible sur le padouk mais la coloration du robinier adjacent l'est parfaitement.....Les finitions sont donc un peu délicates et il vaut mieux éviter de dégraisser le padouk avant collage s'il y a du robinier à coté.

La construction est classique par tenons/mortaises. Les panneaux sont embrevés dans des rainures. Je montre juste quelques images de la réalisation des tenons et de mortaises, rien que de très classique mais j’en profite pour indiquer quelques petits trucs qui peuvent être utiles aux débutants (désolé pour tous ceux qui connaissent déjà).

J’utilise ma vieille mortaiseuse à mèches pour les mortaises.


Elle a l’avantage de recevoir des bédanes équarisseurs, particulièrement pratiques pour finir les abouts des mortaises.


Les tenons sont faits à la toupie, un petit truc est de placer la butée sur l’épaulement du tenon situé à l’autre bout et pas sur l’extrémité de ce tenon. De cette façon on rattrape les possibles variations sur le premier tenon.


Les épaulements sont faits à la scie à main.




Les glissières de tiroir (en hêtre) sont assemblées de façon traditionnelle dans des encoches faites sur les montants. L’assemblage est renforcé par un petit tenon.



Le tasseau qui guide le tiroir est chanfreiné sur sa partie inférieure et ne dépasse pas la moitié de la largeur du meuble de façon à pouvoir être ajusté au guillaume, il est simplement collé sur la glissière. (notez la coloration du bout de la glissière en hêtre par le padouk lors de la finition du meuble.....)



Suite au prochain numéro....

sangten a écrit:

Par contre, là c'est des tout petits plateaux: 2m x 0.2-0.3 maxi

Apparemment, on ne trouve pas de gros robiniers. Je n'ai jamais trouvé de plus grandes largeurs que les tiennes. Quelquefois un peu plus longs, jamais plus de 2,50/3m.

On a trouve quelquefois :

Ici 6 m utilisables.
Mais il n'est pas très large ! 600 mm au plus.





J'ai eu de la chance !!!
++
Renaud

Salut

Magnifique!
Superbe travail de précision et de patience, bravo.

Un petit mot sur le collage et je vous montrerai ensuite comment j’ai incrusté les parties en padouk sur le robinier .

Le collage du meuble a été fait en deux temps : d’abord les cotés. Après séchage, les cotés ont été nettoyés avant de coller l’ensemble: le nettoyage des cotés est beaucoup plus facile comme cela mais il faut bien vérifier le collage de chaque coté pour ne pas avoir de problème lors de l’assemblage final. Comme je l’ai dit, l’utilisation du rabot est aléatoire avec ces bois qui ont un contrefil marqué et toute la finition est faite au racloir.

La partie la moins classique est la réalisation des incrustations de padouk. J’ai utilisé des planchettes et des baguettes de 5mm d’épaisseur collées dans des défonçages de 4mm. Les planchettes ont été coupées à la SAR et les baguettes à la scie sur table à partir d’une planchette dont l’épaisseur était exactement celle de la largeur des rainures.



Pour le dessus, les rainures ont été faites à la défonceuse guidée par un guide parallèle.



Les retours sur les cotés ont été faits à la main. Notez l'énorme arrachement au centre du panneau qui s'est produit lors du rabotage, un exemple de fil contrarié du robinier (sans conséquence ici puisqu'il se trouvera sous la vasque)


J’ai fait des coupes à 45° dans les angles de façon à insérer des petits blocs pour avoir assez de matière pour arrondir le chant supérieur.


Les baguettes sont ajustées au ciseau et collées. L'ensemble est ensuite nettoyé au racloir (notez qu'un racloir correctement affuté fait des copeaux)


L'ajustage au niveau des raccords des baguettes est un peu compliqué.


Pour les incrustations des cotés, j'ai utilisé la même méthode, simplement la défonceuse était guidée sur le chant d'une planche de CTP.



Pour les façades des tiroirs, j'ai fait un gabarit, suite au prochain numéro...

Et ben, on a bien fait de te demander des photos et un reportage, la réalisation est aussi propre que le résultat final. C'est plein de petites astuces à retenir, et je note aussi un bel établi (de gaucher) qui a l'air d'avoir du vécu. Le padouk change t-il de couleur avec le temps ? parce que là, c'est juste magnifique.

@+

Bonjour Meles,
Merci pour ton appréciation.
Le padouk, comme beaucoup de bois exotiques "rouges", fonce avec le temps , en partie à cause des UV. Il devient lie-de-vin. On peut retarder cette modification avec des vernis qui filtrent partiellement les UV ou la provoquer avec des oxydants type bichromate.
L'établi était celui de mon grand-père (et j'ai 67 ans....). J'ai juste remplacé la presse verticale par une presse horizontale et ajouté une presse arrière à chariot. En fait, je suis droitier mais la disposition pour gaucher ne m'a jamais posé de problème.
Bonne journée,
Patrick

Quel beau reportage…
Un « meta » de plus avec un très haut niveau technique…nous les arpètes on est à des années lumières!
Bravo, très joli meuble!
Jean-Paul

meles a écrit:meles

Et ben, on a bien fait de te demander des photos et un reportage, la réalisation est aussi propre que le résultat final. C'est plein de petites astuces à retenir, et je note aussi un bel établi (de gaucher) qui a l'air d'avoir du vécu. Le padouk change t-il de couleur avec le temps ? parce que là, c'est juste magnifique.

+1

Hello,

Bien que pas très fan du style, je reconnais le labeur, il y a de la technique et savoir faire certain ( je vois cela a la réalisation des coulisses de tiroirs)
je ne suis plus très présent mais je suis quand même de temps en temps.

Merci pour vos commentaires.
Je continue avec les façades de tiroirs.

Pour les façades des tiroirs, j’ai utilisé un gabarit : il y avait trois façades à faire et le motif était un peu complexe.
Je trace d’abord le dessin définitif du motif sur une feuille de CTP de 5mm.


La bague que j’ai utilisée a un diamètre de 18 mm et la fraise un diamètre de 10, je dois donc décaler le guide de (18-10)/2 = 4mm. Je trace un second trait décalé de 4mm du premier. Moins on mesure et plus on est précis : j’utilise donc une cale calibrée de 4mm (cale de fraiseuse) pour tracer ce second trait.



Je colle ensuite des morceaux de CTP de 5mm parfaitement dressés sur ce second trait. Le collage est fait en deux temps : les morceaux de CTP sont d’abord collés sur la partie extérieure de la baguette puis j’utilise un tasseau tiré d’épaisseur pour placer les morceaux de CTP sur la partie intérieure de la baguette. De cette façon, je suis sûr que l’espace entre les deux guides sera constant.


Le gabarit terminé (un léger ponçage de la surface rend l'utilisation plus fluide):


Lorsque la colle est sèche, je défonce le gabarit pour vérifier que le défonçage est bien sur le premier trait et je défonce les trois façades de tiroirs sur 4mm.


Une façade après défonçage:


Je trace ensuite les parties manquantes et je termine au ciseau (des fermoirs et des nérons de sculpture facilitent bien les choses).


Les inserts sont ajustés (ciseaux pour les baguettes et petit rabot 60 1/2 pour le losange central) et collés.


Les inserts sont affleurés au racloir comme je l'ai montré pour le dessus et les sur-longueurs utilisées pour visser le gabarit sont éliminées.

Il me reste à vous montrer l'assemblage des tiroirs.

Bonne soirée,
Patrick

Bonjour à tous,
Je termine avec la construction des tiroirs.
Les tiroirs sont faits de façon traditionnelle avec assemblages en queues d’aronde (QA), semi-recouvertes en façade et apparentes pour l’arrière.
Je vais d’abord donner quelques généralités sur les QA, la plupart d’entre vous connait probablement ce que je vais raconter mais pas forcément ceux qui débutent dans le travail du bois.
Il y a deux types de QA : 1- celles où la partie large du tenon (le tenon d’une QA est la partie de l’assemblage en bois de bout, il est réalisé sur la façade ou sur l’arrière d'un tiroir) et la partie étroite de la queue (la partie de l’assemblage portée par les cotés, elle est tracée en bois de fil) ont sensiblement la même taille : ces QA sont dites « de menuisier », 2- celles où le tenon est nettement plus petit que la queue : ces QA sont dites « d’ébéniste » et le petit coté du tenon fait souvent 3-4 mm, j’en ai même vu de 2mm sur des garnitures de petits meubles.


Le principe général de réalisation d’un assemblage à QA est de faire une des deux parties de l’assemblage (queues ou tenons) selon un tracé puis de présenter la pièce exécutée et de tracer la seconde partie de l’assemblage en utilisant la première pièce comme modèle (moins on mesure, plus on est précis).
Mais faut-il commencer par les queues ou par les tenons ? En fait, pour des QA de type « menuisier », cela n’a aucune importance, par contre si on réalise des types de type « ébéniste », il est bien préférable de commencer par les tenons, sinon on risque fort d’avoir des difficultés pour tracer la seconde partie de l’assemblage.




Ces photos vous montrent le problème mieux qu’une longue explication. Vous voyez que le tracé de la seconde partie de l’assemblage ne pose aucun problème lorsque les tenons sont d’abord exécutés (photo du haut). Par contre si on réalise d’abord les queues, le passage de la pointe à tracer, du couteau ou du crayon est nettement moins facile.

J’ai un peu insisté sur ce point parce que j’ai vu et lu de nombreux exemples où les auteurs exécutaient systématiquement les queues en premier. NB, je n’ai rien inventé, tout cela est bien développé dans le traité d’ébénisterie de L. Chanson, ma bible depuis que je fais des meubles.

Pour ce meuble, j’ai réalisé des queues de type « ébéniste ». Les tenons sont tracés sur la façade.


Ils sont d’abord défoncés au ciseau à plat sur l’établi


puis la pièce est reprise dans une presse de type Moxon et les tenons sont terminés.




La seconde partie de l’assemblage (coté du tiroir) est présentée.


Les queues sont tracées et sciées dans la presse. Elles sont dégagées au ciseau sur l’établi.


Les queues terminées.


L’assemblage terminé.

Notez que je laisse une sur-longueur d’environ 1-2 mm chaque fois que c’est possible. Cette sur-longueur sera éliminée après collage.

Les assemblages de l'arrière du tiroir à queues apparentes sont réalisés de la même façon, Les tenons sont simplement sciés et pas défoncés au ciseau bien entendu.
Les fonds sont faits en CTP de 5mm plaqué deux faces en chêne (j'utilise souvent une lame de rabot à dents plutôt qu'une scie à placage pour la coupe des placages, surtout quand ils sont en bois très dur, ce n'est pas vraiment le cas pour le chêne).


Un tiroir terminé.


Une difficulté supplémentaire est liée au passage qu’il faut réserver pour les tuyaux d’alimentation et d’évacuation d’eau. Je n’ai pas voulu faire un tiroir court, j’ai donc fait un tiroir supérieur avec deux parties latérales plus longues (la photo montre le tiroir en cours de ponçage).


Le tournage des boutons ne pose pas de problème (le padouk se tourne bien malgré sa structure assez grossière). J’ai d’abord inséré un écrou avec filetage intérieur avant de tourner le bouton.




Un truc de finition, c’est d’utiliser de la poudre de ponce pour le polissage final.


La photo est assez confuse mais vous pouvez voir un pot d’aliment pour bébé transformé en salière qui contient de la ponce en poudre. Le chiffon est une grosse toile de lin imbibée d’alcool sur laquelle je saupoudre de la ponce (notez la couleur violette due à une décoloration partielle du padouk). J’applique la toile sur la pièce en rotation assez rapide et en quelques secondes, la pièce prend un poli superbe.
Voila, j’ai fait le tour du sujet, si vous avez des questions, n’hésitez pas.
Bonne soirée,
Patrick

Eh bien, merci

Très joli meuble!

Salut

Merci pour ce beau reportage. Superbe.

Merci pour la leçon et les révisions (QA, tiroirs...). Du beau travail, tout en maîtrise. On sent bien l'expérience.
Il faut quand même assurer, avec la défonceuse, pour la garder plaquée contre le gabarit. un instant d'inattention et la rainure pourrait gondoler !

Super pas à pas !
Merci
++
Renaud